Concernant la grand-voile, le dispositif précédent de bêleur associé à la prise de ris automatique présentait à mon goût l’inconvénient de multiplier poulies, renvoi, cordage et autres sources de méli-mélo susceptibles de coinçures sac de nouilles et autres joyeusetés agaçantes. (voir article précédent ici)
Sur mon bateau je suis un ardent défenseur du « clic ». C’est à dire que chaque fois que cela est possible, je remplace les noeuds, les manilles et autres dispositifs de fixation par un mousqueton.
Donc voici les innovations foireuses que je soumets à vos réflexions :
Note : Tout cet accastillage de pointe est réalisé en ayant recours à diverses ressources issues de plusieurs caisses de « ça peut servir ». Il est évident que la mise en production dans la future usine actuellement en construction en Corée de l’Ouest fera appel à des matériaux composites de qualité supérieure (en lien avec la NASA et la fabrique d’accordéons de Tulle en Corrèze).
En 2000 et des brouettes, nous voici de retour en France. Je vous passe sur les bisbilles et les trucmuches administratifs mais en 2004 nous voici débarquant à La Rochelle.
Ah non de Djiou ! La Rochelle, port de mer, le Graal, enfin ! Eurêka cette fois nous allons pouvoir acquérirun vrai bateau de mer, d’océan pas de la gnognotte à deux balles !
Alors, bon, comment dire… La Rochelle est un très joli port, c’est vrai, ça a de la gueule, des tours, des bassins tout ça… Mais tout ceci a un prix .
Il convient de savoir que si ce port a bâti sa fortune avec la traite des noirs, c’est plutôt grâce à la r’traite des vieux (riches) qu’il continue désormais de faire sa pelote.
Tout ça pour dire que si vous voulez voir la mer depuis votre fenêtre à La Rochelle il faut être devant et que ça coûte bonbon…
Pagnol a dis un jour que pour voir la Camargue il fallait disposer d’un escabeau et bien la Rochelle c’est pareil… C’est très plat comme côte. Pour voir la mer à La Rochelle depuis chez soi il faut dépenser une fortune.
Pas moyen de trouver une cabane dans nos moyens car voyez vous, c’est bête mais je tenais absolument à voir l’océan depuis ma fenêtre.
Premier problème mais ce n’était pas tout.
Tout fier, j’annonce aux enfants : cette fois ça y est, on va acheter un grand bateau !
Mais qui dit grand bateau, dit port …
Et là …
Je me pointe à la capitainerie des Minimes, je sais que la situation est tendue mais bon, j’y vais.
Bonjour m’sieurs dames, voilà, je viens d’arriver à La Rochelle, j’habite à Laleu (c’est le quartier où l’on crèche) je m’excuse de vous demander pardon mais, je voudrais savoir s’il est envisageable d’avoir l’outrecuidance de solliciter de votre bienveillance la possibilité d’obtenir le droit de payer un prix faramineux pour louer un anneau en vue d’amarrer dans votre auguste port un modeste navire de plaisance ???
…
Regard blasé du préposé…
Ben oui mon gars, tu peux t’inscrire sur la liste d’attente…
Ah ! chouette merci votre attention, et il y en a pour longtemps… je veux dire à attendre ?
Bah entre cinq et dix ans si tout va bien …
Glups… bon je m’inscris sur la liste. Gratos. je dis gratos car j’apprendrai quelques temps plus tard que l’inscription devenait payante…
Et ben, bande de cons, me pensais-je en sortant de la capitainerie (j’étais un peu agacé) dans cinq à dix ans je serai loin de vos rivages vaseux… Il faut vous dire que le coin est joli pour qui aime la vase nauséabonde qui se découvre au rythme de la pendule des marées dans ces rivages plats comme la main.
Bref …
Pas de gros bateau.
Restait bien sûr la Marie Charlotte qui comme toujours était un bon bateau.
Cependant l’idée d’un bateau habitable demeurerait ancrée …
Si ce n’est pas possible de trouver un anneau (à moins d’acheter un rafiot Amel à 1million d’Euros et ce cas, voyez-vous, il existe des combines…).
Reste la solution de revenir à un bateau de taille plus modeste, transportable, histoire de le caler sur une remorque après avoir navigué et de le stocker dans le jardin.
La Rochelle accueille chaque année le Grand Pavois. C’est l’occasion de pouvoir visiter des bateaux à flots dans le port des Minimes et le cas échéant de les essayer.
Mon choix après des recherches dans les annonces, les ports de la région et Internet s’était au final focalisé sur deux bateaux : un trimaran Magnum, sans cabine et un dériveur intégral (pour pouvoir beacher) de la taille à peu près de notre ancien Etap 22i : le Blue Djinn.
Ce dernier présentait en outre un intérêt particulier : il disposait d’une association de propriétaires et d’une association active. Un peu comme avec les Maraudeurs.
Malgré un essai concluant du trimaran, ce fut le BlueDjinn, acheté chez Blondeau Marine à l’île de Ré qui allait devenir Venexiana 4…
L’Increvable, petit voilier faisant accessoirement office de kayak !
Au tout début des années 2000 nous avions posé nos valises à Ankara. La mer était loin, mer Noire ou mer Egée il fallait se taper des kilomètres pour rejoindre les côtes. Dommage car les rivages d’Asie Mineure offraient un terrain de jeu infini pour les plaisirs de la navigation côtière. Plus près de la maison, nous avions de grands lacs, dont un tout proche de la ville, Eymir Gölü.
J’avais songé à ramener la Marie Charlotte à l’occasion d’un retour en France mais les démêlés que j’avais rencontrés avec la douane et l’administration turque m’avait quelque peu refroidi… Acheter un bateau sur place était une possibilité. On trouvait quantité de ports de plaisance et le marché de l’occasion offrait des opportunités intéressantes. Mais encore une fois les distances étaient grandes de la capitale aux plus proches rivages.
C’est alors que j’eus l’idée d’importer le seul bateau qu’il était possible de transporter avec soi, y compris en avion : un kayak pliant. J’avais tout de suite jeté mon dévolu sur la gamme Klepper car j’avais vu qu’il était possible d’ajouter un gréement qui transformait leurs esquifs en véritables petits voiliers biplaces.
C’est donc un Aerius expédition doté d’un gréement qui allait devenir le bateau sur lequel j’allais le plus naviguer et surtout dans des endroits les plus divers.
Il est vrai que les débuts sur la rivière Kızılırmak, la rivière rouge en Cappadoce, avaient été difficiles ! Ce fut l’occasion de le baptiser l’Increvable !
Très vite donc mon kayak allait devenir « un authentique petit voilier faisant accessoirement office de kayak » ! Plus tard, j’allais le doter d’outriggers pour le stabiliser dans la houle avec des vents portants et même à la fin d’un petit moteur électrique.
Si je devais résumer toutes les navigations, l’inventaire serait un peu long ici… J’avais créé un site qui s’intitulait « le blog du kayak pliant » où je racontais toutes mes navigations en y incluant des prolongements sur l’environnement historique et culturel qui les entouraient. Un site pas mal fréquenté à l’époque…
On peut en retrouver la trace (en cliquant sur l’image ci dessous) :
On retrouvera également dans différents articles dans l’Os quantité de récits et d’illustrations de mes différentes pérégrinations ainsi que des améliorations apportées à ce kayak au fil du temps.
Oui, vraiment, beaucoup navigué ! Des lacs en France, en Turquie, des rivières et des fleuves, En mer, des rivages de la mer Égée ou de la mer Noire à l’océan Atlantiques et aux pertuis rochelais… La Costa Brava en Espagne.
Si je devais conserver deux images marquantes, j’ai en tête le somptueux passage sous les arches du château de Chenonceau à la voile et la traversée de Venise lors de la Vogalonga en 2007… Mais combien d’autres se bousculent encore !
Alors oui, j’ai eu d’autres kayaks, des gonflables. D’abord un Solar qui était lui aussi parti en Turquie avec l’idée de disposer d’un bateau plus souple pour passer en douceur les rapides de la Kızılırmak qui avait fracassé mon pauvre Klepper. Et puis le dropstich est arrivé qui procurait une rigidité importante aux kayaks gonflables. Alors ce furent le Yakkair one et les Nomad de Bic dont on trouvera beaucoup d’illustrations sur ce blog avec le fameux concept Kayak + vélo + remorque + matos de camping …
A suivre …
Aller courage ! encore une étape, un bateau et nous arriverons au canot voile aviron ! Prochain épisode : Venexiana 4 !
À la poursuite d’Octobre Rouge, le troisième Maraudeur.
La Marie Charlotte, le Cruz avait remplacé le Maraudeur Raspoutine. Cependant je gardais toujours un lien avec l’AS… C’est ainsi que nous avions accompagné le rassemblement de 1999 sur l’Erdre avec le Cruz, histoire de retrouver les copains.
Et voilà que je tombe sur une annonce de vente pour un Maraudeur en bois. Le bateau appartient à un régatier, il semble bien équipé. Les photos numériques n’existent pas encore, pour me faire une idée précise, j’envoie un appareil jetable au vendeur avec pour instruction de le mitrailler sous toutes les coutures.
Le bateau est sur sa remorque dans un club et son historique de régate est connu. Pas question de reproduire l’erreur du Maraudeur bourguignon ! Les photos sont intéressantes.
Affaire conclue ! Je rapatrie le bateau sur les bords du Rhône.
Bien équipé, mat Proctor à retreint, voiles de régate usagées mais pouvant encore faire l’affaire en attendant mieux. Par contre la remorque est « cuite », je la débite à la disqueuse ne gardant que l’essieu à peu près potable et qui fera le bonheur d’un amateur du Bon Coin.
D’extérieur l’état est relativement correct mais j’ai dans l’idée de réaliser un compromis entre esthétique classique et équipement hi tech !
J’ai toujours aimé les bateaux à coque noire, peut être une réminiscence de Wouafi le Cap Corse de Moreau, mon premier embarquement !
Je mets au travail en commençant par une reprise complète du pontage. Puis ponçage de la coque et nouvelle peinture noire pour les œuvres mortes et carène blanche. Le projet prend tournure et commence à ressembler à ce que je veux obtenir.
Et pour le nom, je choisis de rester dans la lancée de Raspoutine mais cette fois ce sera « Octobre rouge« … Message lancé aux futurs concurrents en régate : « les gars vous êtes à la poursuite d’Octobre rouge » ! Le nom est sérigraphié en alphabet latin côté tribord et en cyrillique sur bâbord.
La première mise à l’eau à lieu au Grand Large. Tout va bien, sauf que l’on constate une légère entrée d’eau à l’intérieur au niveau de la base du puits de dérive. Sur l’instant je n’y prête pas trop d’attention…
L’objectif est de participer au National 2000 que j’organise sur le plan d’eau de Saint Victor sur la Loire.
C’est juste avant le national que je détecte le problème que je n’avais pas remarqué auparavant. Sous le bateau, une pièce de bois massif relie la carène au lest en fonte (le saumon). Je presse un doigt sur le bois et mon pouce pénètre dans celui-ci comme dans du beurre : il faut se rendre à l’évidence : le bois est pourri ! Pour l’instant l’ensemble tient le coup mais, voilà la cause de l’entrée d’eau dans la cabine !
Catastrophe ! Vu de l’extérieur le bateau est splendide mais un cancer invisible le ronge de l’intérieur…
Le national approche, en désespoir de cause je colmate les trous dans le bois pourri avec … du ciment prompt ! Après tout, c’est un lest !
Le National arrive, nous logeons au château au dessus du lac. Les régates sont organisées avec le concours du club nautique de Saint Etienne, comme d’habitude en respectant toutes les règles de la FFV.
Est-ce le stress, l’émotion, toujours est-il que, crac un lumbago vient me fusiller et je dois me résoudre à laisser la conduite du bateau à mes fils Barth et Jim qui sont devenus entre temps de bons régatiers en Equipe. Mais l’épreuve est ventée, et force est de constater que la voie d’eau s’aggrave. Il faut se résoudre à sortir le bateau et abandonner la course.
.Après le National, une fois revenu à la maison, le constat est sans appel : il est impératif de reprendre de manière sérieuse le saumon pour sauver le bateau En fait ce problème est connu sur les « bois », Louis Blancanneau fera d’ailleurs un article sur la question dans le bulletin de l’AS. Seulement voilà, la réparation n’est pas aisée à mener à bien et dépasse mes compétences. Je prends contact avec le charpentier de marine qui a refait le bateau de Loulou (Blancanneau) en Bretagne.
Mais l’année 2000, au delà du millésime, sera pour nous une date importante. En effet, en septembre nous levons l’ancre de nouveau pour une nouvelle destination qui va nous conduire pour quatre ans au fin fond des steppes anatoliennes à Ankara en Turquie.
Ne pouvant conduire à bien la restauration, je fais don du bateau à un voisin qui a des velléités de navigation. Hélas, le Maraudeur aura une triste fin. Le voisin en question ne restaurera jamais le bateau et celui finira en jeu pour enfant dans son jardin avant de disparaître complètement…
…
A suivre : la scène se passe à l’aéroport de Lyon Saint Exupéry à un guichet de la douane :
et il est où votre bateau ?
Ben là ! et je désigne trois sacs empilés sur un chariot.
et le gabelou dubitatif tamponne en soupirant le bordereau de détaxe…