Après un premier essai du « Nomad » sur le plan d’eau du Grand Large à Lyon « à vide » il était temps de tester la bête en condition rando.
C’est chose faite sur le lac du barrage de Grandval sur la Truyère dans le Cantal. Si Grandval n’évoque pas grand-chose, Garabit et son célèbre Viaduc sera beaucoup plus évocateur !
Le plan d’eau est très vaste plus de 15 km du Viaduc jusqu’au barrage plus les bras qui remontent sur de longues distances, bref de quoi faire ! Avec les dernières pluies le lac est bien plein donc tout va bien.
Seul problème pour bivouaquer les endroits ne sont pas nombreux en raison du relief et des pentes très abruptes peu propices pour installer une tente…
Nous partons à deux bateaux : mon Yakkair One et ce fameux prototype de Nomad prêté par Andy avant son lancement officiel au salon nautique de décembre.
Côté navigation la bonne impression du bateau se confirme. Le bateau est plus agréable à mener que le Yakkair : la glisse est excellente et la progression à la pagaie franchement aisée. Face au vent, le fardage n’étant pas trop important la remontée est facile (5 à 8 km/heure de vent en plein dans le pif) pas de vagues si ce n’est le clapot généré par les bateaux à moteurs…
Concernant l’emport … il n’y a pas photo ! Derrière et devant le siège deux grandes places pour embarquer tous le matériel de rando contenu dans le Yakkair one plus un supplément d’équipement et la possibilité de charger plusieurs jours de vivres. Bref un bateau idéal pour des randonnées en solitaire ou à plusieurs bateaux. La seule raison qui pourrait me faire préférer le Yakkair c’est la possibilité avec ce dernier de pourvoir gérer une plus grande autonomie pour le retour au point de départ en en utilisant les transports en commun en cas de descente de rivière (voir post précédents). Avec ce Nomad il faut déjà deux sacs pour le bateau. On peut être bricoler une petite remorque en emportant un chariot de portage qui peut se révéler utile en rando (inutile avec le Yakkair)… à voir…
Donc le samedi en fin d’après midi nous partons de la base nautique juste après le viaduc. Mon frère Olivier en meilleure condition physique que moi semble à la peine dans le Yakkair. Mon bateau est plus chargé mais glisse beaucoup mieux. Il est vrai que je suis avantagé par une pagaie au manche en carbone bien plus légère que la pagaie Bic en 4 parties qu’utilise Olivier. Le lendemain j’aurai un peu plus de mal car le bateau était un peu sous gonflé (la flemme de vérifier et de regonfler au départ) : résultat une perte sensible au niveau performance ! Le Yakkair lui comme sur la Loire n’avait pas perdu un poil de pression !
Après une remontée face au vent en direction du barrage, nous virons dans le premier « fjord » sur la droite pensant rejoindre le château d’Alleuze, en fait nous avons tourné trop tôt mais comme l’heure avance nous nous continuons la remontée dans l’espoir de trouver un endroit pour bivouaquer. Hélas les pentes sont raides, le relief escarpé et il faut continuer…
Enfin nous arrivons à l’extrémité ou le lac se transforme en torrent et nous trouvons enfin un terrain plat pour nous installer.
Pour la tambouille du soir il faut dire qu’Olivier n’a pas fait les choses à moitié ! Dame nous sommes en Auvergne donc au menu : Tripoux, aligot, langue de bœuf, Cantal »entre deux », côte du Rhône, pastagas pour l’apéro, Catçaça pour le dijo (ça vient du Brésil), fruits, café… Le tout en quantité raisonnable…
Dame un homme ça pagaye donc ça mange. (et p’y c’est tout).
En fait l’endroit s’appelle, ça ne s’invente pas « le bout du monde » et nous ne sommes pas loin de Saint Flour.
Nous passons une nuit tranquille ou presque : orage carabiné, grosse pluie puis une fois celui-ci calmé, des bruits dans l’eau incroyable à croire que des hordes de bestioles viennent s’abreuver… En réalité non, nous découvrirons au matin que ce sont des carpes qui frayant et sautant dans la flotte sont à l’origine de ce raffut…
Franchement on se demandait ce que c’était … Enfin au bout du monde, on peut s’attendre à tout…
Au matin frais et dispos, nous découvrons un pêcheur qui s’est installé au petit jour et avec qui nous faisons connaissance et partageons le café du matin. Le lac semble fumer, le ciel est resté couvert et une sorte de bruine tombe transformant cet endroit assez étroit en paysage canadien ou fjord nordique au choix… Le bivouac est vite plié et nous remettons à l’eau en douceur pour ne pas gêner le pêcheur.
Dans un coude, sur la berge Olivier aperçoit une biche qui disparait aussitôt dans le sous bois.
Un peu plus loin, à l’occasion d’une escale technique ce sont des giroles en quantité qui vont rejoindre les cales du navire !
Comme je le disais mon bateau est un peu sous gonflé et les performances s’en ressentent (non non ce ne sont pas les tripoux et l’aligot !!!) Comme il fait moche j’ai revêtu ma combinaison sèche que j’apprécie toujours autant pour son confort. Nous revenons donc tranquille vers le point de départ et poussons jusqu’au Viaduc.
Passé celui-ci, la Truyère est toujours navigable et il est possible de remonter encore plus haut. Autrement dit ce lac autorise de belles navigations et d’innombrables découvertes.
Le ciel s’est dégagé et nous nous pouvons sécher les tentes avant de les replier.
Mais le temps est compté je ne suis pas (encore…) en vacances et je dois rentrer le soir sur le Puy. Nous en profitons une fois le matériel rangé pour aller en voiture voir à quoi ressemble le lac côté barrage puis nous poussons jusqu’au château d’Alleuze et finissons par faire le tour entier du lac (que nous ne voyons guère car la route ne longe celui-ci qu’à de rares endroits).
Conclusion : un très vaste plan d’eau, des paysages magnifiques mais peu d’endroits pour bivouaquer (nous en avons quand même repéré un certain nombre et une expédition « kayaks à voile » serait envisageable sur plusieurs jours ! Avis à la bande de bras cassés qui compose le groupe des voileux en kayak !!!
Enfin ce prototype Nomad apparait comme un excellent compromis pour naviguer très confortablement en rando solo avec une sécurité accrue. Par rapport à la dernière rando sur la Loire avec le Yakkair j’avais emporté entre autre : une tente plus grande, des sièges, un hamac et j’avais encore de quoi charger !
Ah si j’oubliais que, bien sûr, j’avais ma voile que j’utilise systématiquement au portant mais c’est certain que j’adapterai un gouvernail sur ce bateau chose que je n’ai pas cru devoir réaliser sur le Yakkair.