Venexiana III
Nous étions de retour en France, à Lyon où les régates avec le Maraudeur Raspoutine se poursuivaient tout au long de l’année.
Mais nous avions toujours notre marina de Port Camargue., le Marau dans notre mouillage faisait un peu riquiqui ! De plus optimisé pour la régate ce n’était pas vraiment un bateau destiné à la croisière… Depuis le balcon de la résidence qui donnait sur la sortie du port, on distinguait à l’extrémité d’une des pannes du port publique la silhouette élégante d’un joli « bateau bleu ». Ce voilier était à vendre…
L’idée d’un « gros » bateau à la mer et d’un « petit » pour le Grand Large et les régates de Lyon faisait son chemin…
Le bateau était ancien mais dans un état correct. J’étais séduit par son look « vintage » qui avait tout de suite attiré mon attention. C’était un Trapper 400 MK 3 des architectes Cuthbertson & Cassian. Un modèle plutôt rare. Il me rappelait, la barre à roue en moins, l’Alpa 950 qui m’avait tant fait rêver.
Et c’est ainsi qu’Amogha, aussitôt rebaptisé Venexiana 3 devint notre nouveau navire amiral.
Il était équipé d’un moteur diesel Arona monocylindre que l’on démarrait avec un décompresseur comme une mobylette et dont le tap tap régulier faisait entendre la musique d’un chalutier poussif.
Les aménagements étaient classiques, pas de cabine arrière. Bien que plus long que le Trident mais en raison de ses élancements, il était moins spacieux à l’intérieur. Je ne l’avais pas payé très cher, je disposais d’un anneau de port, il allait être possible de prévoir quelques aménagements. Changer le moteur, un pont en teck… pourquoi pas ?
En réalité il n’en fut rien. Un an après nous cédions la marina pour acquérir une maison dans la région lyonnaise. N’ayant pu vendre le bateau à Port Camargue, j’avais dû prendre la décision de le rapatrier sur le plan d’eau du Grand Large où il resta quelques mois au mouillage sur un corps mort. Je finis par trouver un acheteur dans la région et son départ du club quelque peu rocambolesque.
Le nouveau propriétaire qui habitait Valence avait affrété un semi-remorque pour transporter le bateau jusqu’au port de l’Épervière sur le Rhône où il souhaitait le baser. Premier souci, la grue du club qui nous servait à mettre les bateaux à l’eau tomba en panne. Il fallut faire venir en urgence une grue sur camion qui réussit à poser le bateau sur le plateau du semi-remorque. Problème… Les transporteurs de bateaux utilisent des remorques surbaissées pour tenir compte de la hauteur des voiliers avec un lest… ce n’était pas le cas ici et les gabarits routiers étaient dépassés… Le chauffeur maudissait ce fichu rafiot qui allait l’obliger à éviter les ponts … À dire vrai il a dû réussir car je n’ai plus jamais entendu parler de lui ! Quelques années plus tard j’eus l’occasion de visiter le port de l’Épervière. Je ne vis pas le bateau… Le nouveau propriétaire avait surement réussi à réaliser son rêve qui consistait à rallier Tahiti !
A suivre : encore heureux qu’il ai fait beau et que la Marie Charlotte soit un beau bateau !